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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/259

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Tes vœux seront comblés. Va, d’une même ardeur,
Le courroux qui t’anime a pénétré mon cœur.
De mes nombreux bienfaits Rome est trop orgueilleuse ;
J’ai regret à mes dons : Rome m’est odieuse.
Mais je puis renverser l’ouvrage de mes mains.
Oui, je prétends armer Romains contre Romains[1],
Me baigner dans leur sang[2]. Je vois, en Æmathie,
Dans un double combat s’acharner leur furie ;
Je vois l’Espagne en deuil[3], la Thessalie en feux.
D’où viennent dans les airs ces accents belliqueux ?
La Libye et le Nil sont en proie aux alarmes[4] :
Du vainqueur d’Actium ils redoutent les armes.
Ouvre, dieu des enfers, tes avides manoirs !
Pour passer tant de morts sur tes rivages noirs,
Caron, cherche une flotte, au lieu de ta nacelle[5] [6].
Et toi, pâle Érinnys, repais ta faim cruelle ;
Ma main, pour t’assouvir, arme tous les fléaux,
Et livre à tes serpents l’univers en lambeaux.


CHAPITRE CXXII.

À ces mots, l’éclair luit, le ciel gronde, la foudre
Vole, et d’un roc voisin réduit la cime en poudre.