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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/260

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Aux coups de Jupiter, Pluton, saisi d’effroi,
S’enfuit… L’enfer tressaille en revoyant son roi.
Bientôt des dieux vengeurs les sinistres augures[1]
Annoncent aux mortels nos discordes futures ;
L’astre du jour, dans l’ombre éclipsant sa clarté,
Voile son front brillant d’un crêpe ensanglanté ;
La lune éteint ses feux. Des montagnes tremblantes
Se fendent, à grand bruit, les cimes mugissantes…
De ces fleuves taris où sont les flots fougueux ?
Le clairon des combats retentit dans les cieux
Où semblent se heurter d’invisibles armées.
L’Etna s’ouvre, et vomit des laves enflammées.
On vit pleuvoir du sang ; on vit sur leurs tombeaux
Des spectres se dresser, poussant de longs sanglots ;
Et la comète en feu, promenant l’épouvante,
Secoua dans les cieux sa chevelure ardente.
C’en est fait ; et déjà l’impatient César,
De la guerre civile arborant l’étendard,
Loin du Gaulois vaincu, vers les Alpes s’avance.
Le premier, sur ces monts témoins de sa puissance,
Hercule osa frayer une route aux mortels,
Et leur encens toujours y fume à ses autels.