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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/263

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Le roc, d’abord docile, aux bataillons pressés
Laisse gravir ses lianes de frimas hérissés ;
Mais sous le poids bientôt, fumantes et fendues,
Et la neige et la glace, eu torrents épandues,
Tombent du haut des monts : armes, coursiers, soldats,
L’un sur l’autre entassés, roulent avec fracas ;
Puis tout à coup, fixant sa course interrompue,
L’onde, en blocs de cristal, s’arrête suspendue,
Et, rebelle à l’effort de l’acier qui la fend,
Sème encor de périls un passage glissant.
Éole dans les airs a déployé sa rage :
Il mugit ; et soudain, déchirant le nuage,
Fondent sur les Romains, qu’en vain cache le fer,
Et la grêle et la pluie, et la foudre, et l’éclair :
Ses feux sillonnent seuls la nuit de la tempête.
Le roc fuit sous leurs pieds, ou menace leur tête,
Et ce conflit des cieux, de la terre et des eaux,
Fait craindre à l’univers le retour du chaos.
Jule est calme. Debout, appuyé sur sa lance,
A travers les écueils, d’un pas ferme il s’élance.
Tel jadis du Caucase Hercule descendit ;
Tel, tremblant sous tes pas, l’Olympe s’aplanit,