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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/264

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Roi des dieux, quand sa cime, aux éclats du tonnerre,
Vit les Géants vaincus mordre enfin la poussière.
Cependant, du héros devançant les exploits,
Dans son rapide vol, la déesse aux cent voix
Jusqu’aux remparts de Mars a semé l’épouvante.
« Sous la rame elle a vu l’onde au loin blanchissante.
Déjà paraît César. Teint du sang des Germains[1],
Terrible, il marche, il touche aux portes des Romains. »
Elle dit ; Rome en pleurs, dans ses murs au pillage,
Croit voir courir la flamme et fumer le carnage.
Quel parti prendre ? où fuir en ces moments affreux ?
L’un poursuit sur les flots un asile douteux ;
L’autre implore l’abri d’une terre lointaine.
L’avare, chargé d’or, chancelant, hors d’haleine,
Porte, sans le savoir, ses trésors au vainqueur.
Le péril du guerrier ranime la valeur
Il veut tenter encor la fortune des armes.
Relie de son désordre autant que de ses charmes,
L’épouse de la veille embrasse son époux.
Contemplez cet enfant : le regard triste et doux,
Il caresse le sein de sa mère éplorée :
La douleur par l’amour est du moins tempérée.
Plus loin, cet autre Énée, au toit de ses aïeux,