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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/267

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La trompette a sonné : soudain, impatiente,
Les cheveux hérissés et la bouche écumante,
La Discorde rugit. Á son souffle empesté
Pâlit l’éclat des cieux ; l’air en est infecté.
Son œil louche et meurtri cherche et fuit la lumière :
Sur sa tête se dresse une horrible vipère ;
Un tartre impur et noir ronge ses dents d’airain ;
De sa langue distille un fétide venin ;
Sa robe est en lambeaux ; et sa main menaçante
Agite dans les airs une torche sanglante.
Sur le froid Apennin le monstre s’est assis.
Déjà dans sa pensée, entouré de débris,
Il compte les États qui vont être sa proie :
Il les compte et sourit. Dans sa barbare joie :
— Aux armes ! a-t-il dit ; aux armes ! levez-vous,
Peuples, enfants, vieillards, femmes, accourez tous !
Qui se cache est vaincu. Que le fer, que la flamme
Dévorent les cités que ma fureur réclame !
Vole, fier Marcellus, défends la liberté[3] !
Soulève, ô Curion, le peuple révolté[4] !
Lentulus, aux combats anime tes cohortes !
Que tardes-tu, César ? ose enfoncer ces portes !