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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/268

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Pour s’écrouler, ces murs attendent tes regards :
L’or de Rome t’appelle[5]. Et toi, rival de Mars,
Invincible Pompée ! où donc est ton courage ?
Viens ! Bellone à Pharsale apprête le carnage :
Là, du sang des humains doit s’abreuver un dieu.
— La Discorde a parlé : l’univers est en feu.


Eumolpe, dans ces vers, avait ainsi épanché sa bile à grands flots, lorsque nous entrâmes enfin dans Crotone, où nous nous arrêtâmes, pour nous restaurer, dans une assez méchante auberge. Le lendemain, étant sortis pour chercher un meilleur gîte, nous rencontrâmes une bande de ces coureurs de successions, qui nous demandèrent qui nous étions et d’où nous venions. Conformément au plan que nous avions arrêté en commun, nous répondîmes à cette double question avec tant d’assurance et une telle volubilité de paroles, qu’ils donnèrent tête baissée dans le panneau. Ils s’empressèrent donc à l’envi d’offrir leurs richesses à Eumolpe ; et tous, à qui mieux mieux, cherchèrent à obtenir ses bonnes grâces en le comblant de présents.


CHAPITRE CXXV.

Il y avait déjà longtemps que nous vivions ainsi à Crotone, et Eumolpe, enivré de son bonheur, oubliait tellement sa pre-