Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puis méconnaître dans tout ceci l’influence secrète d’une divinité favorable ; et ce n’est pas sans motif qu’une nouvelle Circé aime un autre Polyœnos : toujours une tendre sympathie unit ces deux noms. Venez sur mon sein, si vous m’aimez, et ne redoutez pas les regards indiscrets : votre frère est loin d’ici. — Elle dit, et, m’enlaçant dans ses bras plus doux que le duvet, elle m’entraîna sur un gazon émaillé de mille fleurs :

Tel qu’autrefois l’Ida de fleurs couvrit sa cime,
Quand Jupiter, brûlant d’un amour légitime,
Dans les bras de Junon oubliait l’univers ;
Les roses du printemps, les myrtes toujours verts,
Les lis encor baignés des larmes de l’aurore,
Autour des deux époux s’empressèrent d’éclore :
Telle, et non moins propice à nos bridants désirs,
La terre se couvrit d’une herbe plus épaisse,
Le jour brilla plus pur, et, par son allégresse,
La nature sembla sourire à nos plaisirs.


Étendus sur le gazon, nous préludions par mille baisers à des jouissances plus solides ; mais, trahi par une faiblesse subite, je trompai l’attente de Circé.


CHAPITRE CXXVIII.

Eh quoi ! s’écria-t-elle, indignée de cet affront, mes caresses