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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/276

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L’indigent découvre un trésor.
Muet de surprise et de joie,
Il tourne et retourne sa proie,
L’emporte, fuit et court encor.
Mais dans sa fuite un rien l’ombrage :
Si le volé, sur son passage,
Allait détrousser le voleur !
Le pauvre diable, à cette image,
Se trouble ; une froide sueur
Sillonne à longs flots son visage.
Il se réveille au même instant :
Détrompé d’une erreur trop chère,
Notre Crésus imaginaire,
Léger de soucis et d’argent,
Malgré lui regarde en arrière,
Et caresse encor la chimère
Qui fit sa joie et son tourment.


Tout concourait à me faire croire que ma triste aventure n’était qu’un songe, une véritable hallucination ; cependant ma faiblesse était si grande, qu’il me fut longtemps impossible de me lever. Mais, à mesure que l’accablement de mon esprit se dissipa, la force me revint peu à peu, et je pus enfin retourner au logis. Dès que j’y fus, prétextant une indisposition, je me jetai sur mon lit. Bientôt après, Giton, qui avait appris que j’étais malade, entra fort triste dans ma chambre. Pour calmer ses inquiétudes, je lui assurai que je ne m’étais mis au lit que pour prendre un peu de repos dont j’avais besoin. Je lui fis à ce sujet mille contes en l’air ; mais de ma mésaventure, pas