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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/28

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tradictoires qui déjà nous assiégent, nous saurons nous borner aux fonctions modestes de rapporteur ; c’est aux lecteurs éclairés par la discussion qu’il appartient d’être juges.


I
OBJET DU SATYRICON

J’ai réfuté, dans la première partie, ceux qui regardent l’ouvrage de Pétrone comme la satire de Néron ; n’en parlons plus. D’autres ont cru reconnaître le vieux Claude dans Trimalchion, Agrippine dans Fortunata, Lucain dans Eumolpe, Sénèque dans Agamemnon : Tiraboski, Burmann et Dotteville semblent pencher de ce côté. Selon les deux Valois, le Satyricon n’est que le tableau ordinaire de la vie humaine, une véritable Ménippée, mêlée de prose et de vers, dans le goût de Varron, une satire générale des ridicules et des vices qui appartiennent à tous les peuples, à tous les temps. Quelques-uns ont presque fait de Pétrone un casuiste ; ils y voient à chaque page des sermons très-édifiants, et le Satyricon est, à leur avis, un traité complet de morale, qui vaut bien celui de Nicole : c’est, du moins, ce que semble insinuer Burmann, quand il appelle Pétrone virum sanctissimum. L’ingénieux Saint-Évremond a réfuté d’une manière agréable ce dernier sentiment. À l’appui de cet écrivain, Leclerc, toujours caustique, ajoute avec un peu d’humeur : « Que dirait-on d’un peintre qui, pour inspirer l’horreur du vice, tracerait avec toute la délicatesse possible les postures de l’Arétin ? » Enfin, si l’on en croit Macrobe, le Satyricon est un pur roman, dont l’unique but est de plaire.