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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/29

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Je ne vois pas trop ce qu’on pourrait opposer à l’autorité de Macrobe. Il fut l’écrivain du quatrième siècle le plus versé dans la connaissance de l’antiquité ; sa sagacité dans la critique égalait sa vaste érudition. Il vivait dans un temps où l’on ne pouvait encore avoir perdu le secret du Satyricon, s’il eût renfermé quelque mystère. Son opinion individuelle peut donc ici passer pour celle de ses contemporains ; et, dans le cas où l’une eût différé de l’autre, un auteur aussi judicieux aurait-il manqué d’exposer au lecteur les motifs qui l’engageaient à s’écarter du sentiment général ? Parmi les modernes, Huet, Leclerc, Basnage se sont rangés à l’avis de Macrobe. Défions-nous de ces esprits systématiques ou malins, qui se plaisent à torturer un auteur pour lui faire penser ce qu’ils eussent dit : leur pupitre est, en fait de critique, le lit de fer de Procuste. La Bruyère riait sous cape des prétendues clefs ajustées à ses Caractères par des devins en défaut. Peut-être, un jour, tirant Artamène ou Clélie de la poussière, quelques savants en us les publieront tour à tour, grossis de nouveaux tomes ; et, pour prouver que Louis XIV est Cyrus ou Porsenna, ils joindront aux fadeurs de Scudéry, avec leurs propres visions, les variorum des commentateurs.


II
FORME DU SATYRICON.

L’Espagnol Joseph-Antoine-Gonsalle de Salas a fait jadis une belle dissertation sur ce seul mot Satyricon. Son étymologie est-elle grecque ou latine ? grande question parmi les érudits. Voici ce qu’Heinsius, Scaliger, et