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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/282

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Là, du plane touffu la cime se balance[4] ;
Là, du pin dans les airs le front léger s’élance ;
Là, le cyprès tremblant, défiant les hivers,
Au laurier balsamique unit ses rameaux verts ;
Là, sur un sable d’or, sous des bosquets errante,
Gazouille, en se jouant, une onde blanchissante.
Philomèle et Progné chérissent ce séjour,
Où le parfum des fleurs se mêle aux chants d’amour.

Je trouvai Circé couchée sur un lit d’or, où s’appuyait son cou d’albâtre ; sa main agitait un rameau de myrte fleuri. En me voyant, elle rougit un peu, sans doute au souvenir de l’affront de la veille ; mais, lorsqu’elle eut fait retirer toutes ses femmes, et, qu’obéissant à son invitation, je me fus assis auprès d’elle, elle me mit devant les yeux la branche qu’elle tenait à la main ; et, comme rassurée par ce rempart qui nous séparait : — Eh bien, paralytique, me dit-elle, venez-vous aujourd’hui tout entier ? — Pourquoi cette question, lui répondis-je, quand la preuve est sous votre main ? — À ces mots, je me précipite dans ses bras, et, ne trouvant aucune résistance, je me rassasie à mon aise des baisers les plus enivrants.


CHAPITRE CXXXII.

La vue de tant de charmes m’excitait à de plus doux plaisirs. Déjà du choc de nos lèvres s’échappaient mille baisers