Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/286

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Rien n’est plus absurde que de sots préjugés, rien n’est plus ridicule qu’une sévérité hypocrite.


CHAPITRE CXXXIII.

Après ces réflexions, j’appelai Giton, et je lui dis : — Raconte-moi, mon ami, mais bien franchement, quelle fut à ton égard la conduite d’Ascylte, dans cette nuit où il te ravit à mon amour. N’a-t-il point poussé l’outrage jusqu’aux derniers excès, ou s’est-il borné à passer chastement la nuit dans une continence absolue ? — L’aimable enfant, portant la main à ses yeux, jura en termes formels qu’Ascylte ne lui avait fait aucune violence. J’étais si accablé des événements de la journée, que je n’avais pas la tête à moi, et que je ne savais ce que je disais. Á quel propos, par exemple, allais-je chercher dans le passé de nouveaux sujets d’affliction ? Enfin, devenu plus raisonnable, je ne négligeai rien pour rétablir mes forces. Je voulus même me vouer aux dieux : je sortis, en effet, pour aller invoquer Priape ; et, à tout événement, feignant sur mon visage un espoir que je n’avais guère, je m’agenouillai sur le seuil de son temple, et lui adressai cette prière :

Fils de Bacchus et de Vénus la belle,
Folâtre dieu des jardins et des bois,