Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/287

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Si Mitylène à ton culte est fidèle,
Et si le Tmole, où l’aurore étincelle,
T’élève un temple et reconnaît tes lois,
Priape ! entends ma dévote prière !
Je ne viens point, souillé du sang d’un père,
Ou des autels sacrilège agresseur,
T’offrir l’aspect d’un front profanateur.
Près d’immoler mon heureuse victime,
Tout mon courage à l’instant s’est glacé,
Et dans mes mains le poignard émoussé
Ne consomma que la moitié du crime.
Je fus coupable, hélas ! bien malgré moi !
Si j’ai péché, c’était par impuissance.
Accorde-moi, pour réparer l’offense,
Ces dons heureux qu’on voit briller en toi.
Ah ! du plaisir si l’heure m’est rendue,
Je veux qu’un bouc, l’orgueil de mon troupeau,
En ton honneur tombe sous le couteau.
La coupe en main, aux pieds de ta statue,
Je veux trois fois répandre un vin nouveau ;
Et cependant une aimable jeunesse,
Ivre de joie, et de vin, et d’amour,
Dans les transports d’une vive allégresse,
De tes autels fera trois fois le tour.


Tandis que je faisais cette invocation, sans quitter de l’œil la partie défunte, entra la vieille Prosélénos, les cheveux en