Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La terre, en gouffre ouverte, a frémi de terreur,
Et le char du Soleil a reculé d’horreur.
Qu’à la voix de Médée un dragon s’assoupisse,
Et retienne les feux que soufflaient ses naseaux ;
Qu’en vil troupeau Circé change les Grecs d’Ulysse ;
Que Protée, à son aide appelant l’artifice,
Se transforme à nos yeux en cent monstres nouveaux,
Moi, j’étends sur les monts l’eau des mers desséchées,
_____Et, du sol natal arrachées,
Les forêts verdiront où voguaient les vaisseaux.


CHAPITRE CXXXV.

Je frémissais d’horreur au récit de tant de merveilles, et je regardais de tous mes yeux la vieille prêtresse, lorsqu’elle s’écria : — Préparez-vous à m’obéir ! — Elle dit ; et, se lavant les mains avec le plus grand soin, elle se penche sur le lit et m’applique deux gros baisers. Ensuite, elle pose une vieille table au milieu de l’autel, et la couvre de charbons ardents. Une écuelle de bois, toute fendue par le temps, pendait à la muraille : elle l’en détache ; mais le clou qui la supportait lui reste dans la main : elle raccommode l’écuelle avec de la poix tiédie, et renfonce le clou dans la muraille enfumée. Puis, ceignant ses reins d’une espèce de tablier carré, elle place sur le feu un grand coquemar, et décroche avec une fourche un sac