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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/295

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CHAPITRE CXXXVII.

Mais, faisant craquer ses mains : — Scélérat, s’écria-t-elle, tu oses encore parler ! Ignores-tu donc l’énormité du crime que tu viens de commettre ? tu viens de tuer le favori de Priape, une oie dont toutes nos dames raffolaient[1] ! Et ne crois pas que ta faute soit une bagatelle : si les magistrats en étaient instruits, ils t’enverraient au gibet. Par l’effusion de ce sang, tu as profané ma demeure, pure, jusqu’à ce jour, de toute souillure. Sais-tu à quoi tu m’exposes par ce sacrilège ? qu’un ennemi me dénonce, et me voila chassée du sacerdoce. — Elle dit :

 
____Et de son front, blanchi par l’âge,
Furieuse, elle arrache un reste de cheveux,
De ses ongles crochus se meurtrit le visage ;
Et deux ruisseaux de pleurs s’échappent de ses yeux.
Tel, quand le tiède Auster, au sommet des montagnes,
Dissout la froide neige, un torrent orageux
Roule son onde impure à travers les campagnes :
____Ainsi les larmes à grands flots
____Inondaient sa face ridée ;
____Et sa poitrine soulevée
____Exhalait de bruyants sanglots.


Modérez vos cris, lui dis-je alors, et, pour une oie, je vous