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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/296

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rendrai une autruche. — Tandis que je restais immobile de stupeur, la vieille, assise sur son lit, continuait à gémir sur la mort de son oie. Prosélénos survint, apportant l’argent nécessaire pour les frais du sacrifice. Elle s’informa d’abord de la cause de notre tristesse ; mais, dès qu’elle aperçut l’oie que j’avais tuée, elle se mit à pleurer plus fort que la prêtresse, et à s’apitoyer sur mon sort, comme si j’eusse tué mon père, et non une oie nourrie aux dépens du public. Excédé de ces ennuyeuses lamentations : — De grâce, leur dis-je, quand bien même je vous aurais battues, quand bien même j’aurais commis un homicide, ne pourrais-je pas expier mon crime à prix d’argent ? Eh bien, voici deux pièces d’or avec lesquelles vous pourrez acheter et des oies et des dieux. — A la vue de ce métal : — Pardonnez-moi, mon enfant, me dit Œnothée ; je n’étais inquiète que pour vous ; ne voyez dans tout ceci qu’une preuve de l’intérêt que je vous porte, et non l’intention de vous nuire. Je vais donc faire en sorte que cette affaire ne s’ébruite pas. Pour vous, priez seulement les dieux qu’ils vous pardonnent. —


Le riche ne craint point les fureurs de Neptune ;
Il dirige à son gré l’inconstante fortune.
Si Danaé, captive, est l’objet de ses feux,
Qu’il fasse briller l’or : soudain verrous et grille
Tomberont devant lui ; complaisant de sa fille,
Acrisius, alors, saura fermer les yeux.