Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la cause de tant de chagrins. Lorsqu’il n’en resta plus rien, Œnothée, à moitié ivre, se tourna vers moi, et me dit : — Il faut maintenant achever les mystères qui doivent rendre à vos nerfs toute leur vigueur.


CHAPITRE CXXXVIII.

À ces mots, elle apporte un phallus de cuir, le saupoudre de poivre et de graine d’ortie pilée, détrempés d’huile, et me l’introduit par degrés dans l’anus. Puis, l’impitoyable vieille me bassine les cuisses de cette liqueur stimulante. Mêlant ensuite du cresson avec de l’aurone, elle m’en couvre la partie malade, et, saisissant une poignée d’orties vertes, m’en fouette à petits coups le bas-ventre. Cette opération me causait de cuisantes douleurs : pour m’y soustraire, je prends la fuite. Furieuses, les vieilles courent à ma poursuite, et, bien qu’étourdies par le vin et la débauche, elles prennent la même route que moi, et me suivent quelque temps dans les rues en criant : — Au voleur ! arrêtez le voleur ! — Je parvins cependant à leur échapper ; mais une course si rapide m’avait mis les pieds tout en sang. Dès que je pus regagner mon logis, épuisé de fatigue, je me jetai sur mon lit, mais je n’y pus trouver le sommeil. Tous les maux qui m’avaient accablé me revenaient à l’esprit ; et, me figurant que jamais existence n’avait été plus traversée que la mienne par les revers : La Fortune,