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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/300

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coups que j’ai reçus[2] : elle m’a chassé ; ce n’est qu’un jeu. Que je puisse seulement mériter ma grâce !


CHAPITRE CXXXIX.

Ces réflexions, jointes aux appas de Circé dont je jouissais en idée, avaient tellement échauffé mon imagination, que je foulais mon lit avec fureur, comme si j’eusse tenu dans mes bras l’objet de mes désirs ; mais tous ces mouvements furent encore sans effet. Cet acharnement du sort mit enfin ma patience à bout, et je me livrai aux plus violents reproches contre le malin génie qui sans doute m’avait ensorcelé. Enfin, mon esprit se calma ; et, cherchant alors des motifs de consolation parmi les héros de l’antiquité, qui, comme moi, avaient été en butte au courroux des dieux, je m’écriai :


Je ne suis pas le seul qu’un destin implacable
De ses coups redoublés sans cesse opprime, accable.
Avant moi, de Junon l’ordre capricieux
Força le grand Alcide à supporter les cieux ;
Victime, comme lui, de la déesse altière,
Pélias éprouva le poids de sa colère ;
Le vieux Laomédon, vaincu dans les combats,
Pour prix de son parjure, y trouve le trépas ;