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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/301

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Et Télèphe, innocent du crime qu’il expie[1],
De deux divinités assouvit la furie.
Près d’atteindre le bord qui sans cesse le fuit,
Ulysse, sur les mers, cherche en vain son Ithaque ;
Moi, jouet de Vénus et du dieu de Lampsaque,
Partout leur bras vengeur sur moi s’appesantit.


Torturé d’inquiétudes, je passai toute la nuit dans cette agitation. Au point du jour, Giton, informé que j’avais couché au logis, entra dans ma chambre, et se plaignit amèrement de mon libertinage. Á l’entendre, il n’était bruit dans toute la maison que du scandale de ma conduite. On ne me voyait, disait-il, que très-rarement à l’heure du service, et ce commerce clandestin finirait probablement par me porter malheur. Ces reproches me prouvèrent qu’il était instruit de mes affaires, et que quelqu’un sans doute était venu s’enquérir de moi pendant mon absence. Pour m’en assurer, je m’informai de Giton si personne ne m’avait demandé : — Non, pas aujourd’hui, répondit-il ; mais hier, une femme d’assez bonne mine est entrée chez nous : après s’être entretenue longtemps avec moi et m’avoir fatigué de ses questions, elle finit par me dire que vous aviez mérité d’être puni, et que vous subiriez le châtiment des esclaves, si la partie lésée persévérait dans sa plainte. — Cette nouvelle me mit au désespoir, et je me répandis de nouveau en imprécations contre la Fortune. Je n’étais pas au bout de mes invectives, lorsque Chrysis entra,