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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/306

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jeté les yeux dans une taverne, et de ne s’être jamais hasardé dans une assemblée trop nombreuse : tant il est vrai que rien n’est plus utile que de consulter la sagesse en toute chose ! Cela est d’une vérité incontestable ; et ce qui ne l’est pas moins, c’est qu’il n’y a personne qui coure plus promptement à sa perte que celui qui spécule sur le bien d’autrui. En effet, quels seraient les moyens d’existence des vagabonds et des filous, s’ils ne jetaient en guise d’hameçons, à la foule qu’ils veulent duper, des bourses et des sacs d’argent bien sonnants ? Les animaux se laissent amorcer par l’appât de la nourriture, et les hommes par celui de l’espérance ; mais il faut pour cela qu’ils trouvent quelque chose à mordre. Ainsi les Crotoniates nous ont hébergés jusqu’à ce jour de la manière la plus splendide. Mais on ne voit point arriver d’Afrique ce vaisseau chargé d’argent et d’esclaves que vous leur aviez annoncé. Les ressources de nos héritiers s’épuisent, leur libéralité se refroidit. Je me trompe fort, ou la Fortune commence à se lasser des faveurs dont elle nous a comblés.


CHAPITRE CXLI.

J’ai inventé, dit Eumolpe, un expédient qui mettra dans un grand embarras ces coureurs d’héritages. — En même temps il tira de sa valise les tablettes où étaient consignées ses dernières volontés, qu’il nous lut en ces termes : — Tous ceux qui sont couchés sur mon testament, à l’exception de mes