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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/31

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Le vulgaire des écrivains, assez dénué d’érudition, a simplement distingué la satire en deux espèces. L’une, a-t-on dit, tend directement à réformer les mœurs, ou à ridiculiser les travers de l’esprit humain ; ceux qui la craignent l’accusent de misanthropie ou de malignité. C’est sans doute pour adoucir l’austérité du précepte ou l’acerbe du sarcasme qu’elle emprunte à la poésie les grâces de son langage. Sœur cadette de la comédie, elle n’en diffère que dans la forme. Elle est plus courte, et n’est pas essentiellement dramatique. Horace, Juvénal et Perse ont porté dans Rome cette espèce de satire à sa perfection ; elle n’a point dégénéré en France sous la plume des Regnier, des Boileau, des Gilbert.

La seconde espèce de satire est celle qu’on nomme Ménippée. Le plus savant des Romains, Varron, la mit en honneur chez ses concitoyens. Si son but est également d’instruire, elle y vise par des détours plus cachés : plaire est son premier désir ; l’instruction chez elle n’est que secondaire. Ses tableaux plus variés embrassent toutes les scènes de la vie, comme toutes les branches de la littérature. Son caractère distinctif est un mélange agréable de prose et de vers. La fiction est son arme favorite ; sa marche approche de celle du roman, dont elle usurpe impunément l’étendue. Elle caresse plus souvent qu’elle n’égratigne ; et, pour faire aimer la vertu, elle l’affuble quelquefois des livrées de la Folie. L’Apokolokyntosis de Sénèque, le Misopogon de l’empereur Julien, la Consolation de Boëce sont autant de Ménippées. La Virgilius ou Vergilius, Carthaginensis ou Carthaginiensis, etc. ! Nicanor composa six traités sur le point et la virgule. On connaît un ample traité de Messala sur la lettre s.