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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/314

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d’un captif insulte par son luxe au temple de Jupiter et à l’antique demeure de Romulus. Aussi la vertu est plongée dans la fange, et le vice déploie aux vents ses voiles triomphantes.


V.
LA CRAINTE, ORIGINE DES DIEUX.

La crainte fut, dans l’univers, l’origine des dieux. Les mortels avaient vu la foudre, tombant du haut des cieux, renverser les murailles sous ses carreaux enflammés, et mettre en feu les sommets de l’Athos ; Phébus, après avoir parcouru toute la terre, revenir vers son berceau ; la lune vieillir et décroître, puis reparaître dans toute sa splendeur : dès lors les images des dieux se répandirent par toute la terre. Le changement des saisons qui divisent l’année accrut encore la superstition : le laboureur, dupe d’une erreur grossière, offrit à Cérès les prémices de sa moisson, et couronna Bacchus de grappes vermeilles : Palès fut décorée par la main des pasteurs ; Neptune eut pour empire toute l’étendue des mers, et Diane réclama les forêts. Maintenant, celui qui est lié par un vœu, et celui même qui a vendu l’univers, se forgent à l’envi des dieux propices à leurs désirs.