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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/317

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XI.
LES OREILLES DE MIDAS.

Les mortels tiendraient dans la bouche des charbons allumés, plutôt que de garder un secret. Toutes les paroles qui vous échappent à la cour se répandent aussitôt, et le bruit en émeut toute la ville. Mais c’est peu de trahir votre confiance : la perfidie déguise, exagère vos paroles, et se plaît à en grossir le scandale. C’est ainsi que ce barbier, qui craignait et qui brûlait en même temps de découvrir ce qu’on lui avait confié[1], fit un trou dans la terre, et y déposa le secret du monarque aux longues oreilles. La terre conserva fidèlement ses paroles, et les roseaux trouvèrent une voix pour chanter ce que le barbier délateur avait raconté de Midas.


XII.
L’ILLUSION DES SENS.

Nos yeux nous trompent souvent[1], et nos sens incertains nous abusent en imposant silence à notre raison. Cette tour, de près, se montre carrée ; vue de loin, ses angles disparaissent : elle nous semble ronde. L’homme rassasié dédaigne le miel