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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/328

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Je ne puis concevoir pourquoi tu portes un voile d’or : ton front nu a plus d’éclat que l’or. Ton oreille est chargée d’or et de pierreries ; et cependant, nue, ton oreille est préférable à la rose nouvelle. Tu empruntes au pastel un coloris éblouissant, et cependant ton teint est, par lui-même, plus brillant que le pastel. Un collier, en forme de croissant, étincelle sur ton cou de neige, et, sans cette parure, ton cou est ravissant. Tu couvres d’un voile jaloux ta gorge d’albâtre, et ta gorge repousse le voile qui la couvre. Pour empêcher ta robe de flotter, tu emprisonnes ta taille dans les nœuds d’une ceinture : ta taille est l’objet de ma vénération, même lorsque ta robe est flottante.

Dis-moi : pourquoi cet anneau et cette pierre précieuse qui entourent tes doigts délicats, quand la pierre reçoit tout son prix du doigt qui la porte ? Il n’est point de parure qui puisse ajouter à tes charmes naturels, et tu n’es déjà que trop belle, pour mon malheur ! Cesse, par des agréments d’emprunt, de vouloir paraître trop belle : ne l’es-tu pas déjà par tes propres attraits ? Ce n’est pas pour moi que tu dois avoir recours à tant de soins : comme si, pour t’aimer, j’avais besoin d’y être contraint par la violence ! Mon penchant me porte à t’aimer, et je