Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne combats pas cette douce inclination. Je ne t’aimerais pas davantage, quand tu serais la déesse des fleurs.

Tes yeux le disputent d’éclat aux rayons qui entourent Jupiter, et les traits de sa foudre pâliraient aux feux que lancent tes prunelles. Rien dans l’univers de plus brillant que le soleil ; et cependant, près de toi, le soleil est pâle et sans clarté. Ton cou est plus blanc que la neige nouvellement tombée, que la neige dont le soleil n’a point encore altéré la blancheur. Ton front, ta poitrine, ressemblent à du lait, au lait d’une chèvre qu’on vient de traire, à son retour du pâturage. Les parfums balsamiques que répand une forêt au printemps sont moins doux que ton haleine, et le plus frais jardin n’a rien qui te soit préférable. Les suaves couleurs d’une prairie, même lorsqu’elle est émaillée de fleurs, n’approchent pas de ta beauté. Le blanc troène ne peut t’égaler ; le lis qui s’élève sur un vert gazon s’avouerait vaincu par ton éclat. La rose, avant même d’être détachée de son buisson épineux, n’égale point l’incarnat de tes joues. La violette épanouie et dans toute sa gloire, quand on ose la comparer à toi, n’a plus rien que de vulgaire.

Hélène, et Léda sa mère, ne pourraient supporter le parallèle, quoique l’une ait séduit Pâris, et l’autre Jupiter : et