Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourtant Léda força Jupiter à se déguiser sous le plumage d’un cygne ; Hélène fit prendre les armes à tous les rois de l’Asie ! Léda, les cheveux flottants sur son cou d’albâtre, tressait des guirlandes de fleurs pour la déesse d’Argos ; Jupiter parcourait alors la voûte céleste : il l’aperçut du haut d’un nuage, et, pour elle, se métamorphosa en oiseau. Quand tu joues au milieu de la foule de tes compagnes, dont tu sembles la reine, étoile resplendissante au milieu de tes jeunes satellites, si, du haut des cieux, le puissant Jupiter t’apercevait, il ne rougirait pas de déposer à tes pieds sa divinité. La beauté d’Hélène et ses puissants attraits furent la proie du Troyen Pâris, qui l’emporta au delà des mers. La Grèce conjurée arma mille vaisseaux pour la reprendre ; mille voiles volèrent à sa poursuite. Si le ravisseur phrygien t’eût vue si belle, il t’eût enlevée, soit sur son navire, soit sur son coursier. La guerre de Troie dura dix ans entiers ; mais cette guerre, si on l’eût faite pour toi, un seul mois eût suffi pour la terminer. À mon avis, la fille de Léda méritait moins que toi qu’Ilion, pour la garder, devînt la proie des flammes, et, pour toi, Priam eût eu plus de raison de ne pas regretter la perte de son empire.