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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/331

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Si, la robe retroussée, les cheveux flottants, l’arc en main, les bras nus, comme Diane la chasseresse, et accompagnée d’un chœur de dryades, tu poursuivais de tes traits les sangliers fougueux, et qu’un dieu te rencontrât errante au milieu des forêts, il te prendrait pour une véritable divinité.

Lorsque trois déesses se disputèrent le prix de la beauté, et prirent Pâris pour leur juge, son choix préféra Vénus aux deux autres ; et, sur trois, deux se retirèrent vaincues. Ah ! si, te joignant alors à ces trois rivales, tu te fusses offerte la quatrième à cette épreuve, Pâris eût adjugé le prix à la quatrième ; et si la pomme devait être la récompense de la plus belle, elle aurait été la tienne.

Celui-là porte un cœur de fer, qui peut voir sans émotion tes célestes appas et l’incarnat brillant de tes joues. S’il est un mortel insensible à tant de charmes, je le convaincrai sans peine d’être né d’un chêne ou d’un rocher.


XXX.
LA VIE HEUREUSE.

Non, tu te trompes : le bonheur de la vie n’est pas ce que, vous autres hommes, vous vous figurez. Ce n’est pas d’avoir