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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/336

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pour Atimetus, mon époux, dont la douleur est pour moi plus triste que la mort même.

ATIMETUS.

Si le sort cruel consentait à faire l’échange de nos âmes, et que ton existence pût être rachetée par la mienne, quel que soit le peu de jours qu’il me reste à vivre, j’en eusse volontiers fait le sacrifice pour toi, ô ma chère Homonéa ! Hélas ! tout ce que je puis faire, c’est d’abandonner la lumière céleste, et, par une prompte mort, de te rejoindre bientôt sur les rives du Styx.

HOMONÉA.

Cesse, ô mon époux ! de flétrir ta jeunesse par la douleur, et de provoquer la mort par tes regrets ! Les larmes sont inutiles ; elles ne peuvent émouvoir le destin. J’ai vécu : c’est le sort commun de tous les mortels. Cesse tes plaintes. Puisses-tu ne jamais éprouver encore une semblable douleur ! puisse le ciel couronner tous tes vœux ! puisse-t-il ajouter à ton existence tout ce qu’une mort prématurée a retranché de jours à ma jeunesse !