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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/337

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ATIMETUS.

Que la terre te soit légère, ô femme si digne de vivre, et de jouir longtemps des biens dont la nature t’avait comblée !


XXXVI.
ÉPITAPHE D’UNE CHIENNE DE CHASSE.

La Gaule me vit naître ; la Conque me donna le nom de sa source féconde, nom dont j’étais digne par ma beauté. Je savais courir, sans rien craindre, à travers les plus épaisses forêts, et poursuivre sur les collines le sanglier hérissé. Jamais de pesants liens ne captivèrent ma liberté ; jamais mon corps, blanc comme la neige, ne porta l’empreinte des coups. Je reposais, mollement étendue sur le sein de mon maître ou de ma maîtresse ; un lit dressé pour moi délassait mes membres fatigués. Quoique privée du langage, je savais me faire comprendre mieux qu’aucun de mes semblables ; cependant, jamais personne ne redouta mes aboiements. Mère infortunée ! je trouvai la mort en donnant le jour à mes petits ; et maintenant un marbre étroit couvre la terre où je repose.

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