Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtenir la couronne offerte à la lubricité, provoque de viles courtisanes, et remporte le prix. A son tour, elle rend hommage aux fureurs de Médulline. Celle qui triomphe dans ce conflit est regardée comme la plus noble. Là, rien n’est feint ; les attitudes sont d’une telle vérité, qu’elles enflammeraient le vieux Priam et l’infirme Nestor. Déjà les désirs exaltés veulent être assouvis ; déjà chaque femme reconnaît qu’elle ne tient dans ses bras qu’une femme impuissante, et l’antre retentit de ces cris unanimes : Introduisez les hommes ; la déesse le permet. Mon amant dormirait-il ? qu’on l’éveille. Point d’amant ? je me livre aux esclaves. Point d’esclaves ? qu’on appelle un manœuvre. A son défaut, si les hommes manquent, l’approche d’un âne ne l’effrayerait pas. »

CHAPITRE XIX. 1 Et prœcincti certe altius eramus. — Allusion à la coutume qu’avaient les soldats romains de relever leur robe avec leur ceinture, quand ils se disposaient à combattre. C’est pourquoi Virgile a dit : Discinctos Afros, c’est-à-direinhabiles militiœ, parce que les soldats courageuxcincti erant. De là vient aussicingulam militiœ dare, qui, selon Rufin, signifie : Dare jus militandi.

CHAPITRE XXIV. 1 Ascylto embasicœtas detur ; et, plus haut, non intellexeras cinœdum embasicœtam vocari ? Il y a ici un jeu de mots, intraduisible en français, qui roule sur ce mot, embasicœtes, composé de embainein, monter, et koitè, lit. On donnait ce nom à des débauchés qui parcouraient les lits pour faire souffrir aux autres l’espèce de débauche dont parle ici Pétrone. C’est ce qui fait dire à Catulle, dans sa trentième épigramme : Perambulavit omnium cubilia. Nous avons traduit ce mot par celuid’incube, qui, en français, s’en rapproche le plus, et qui en donne une idée assez exacte. Il paraît d’ailleurs que ce débauché s’appelait Embasicœtas, nom qui convenait parfaitement à ses fonctions, comme celui de Coupé à l’écuyer tranchant dont il sera question plus loin.

CHAPITRE XXV. 1 Quœ tulerit vitulum, illa potest et tollere taurum. Ce proverbe, auquel Quartilla donne ici un sens obscène, a cependant une autre origine que celle dont elle le fait dériver. Il fait allusion à Milon de Crotone, qui, s’étant habitué à porter un veau nouvellement né à une distance de plusieurs stades, finit, en continuant chaque jour cet exercice, par le porter de même lorsqu’il fut parvenu à la dimension d’un taureau. Quintilien rappelle ce trait, liv. Ier, chap. 9, de son Institution oratoire : « Milo, quem vitulum assueverat ferre, taurum ferebat. » Du reste, ce proverbe peut s’appliquer très-bien à cette femme, qui, par une habitude quotidienne du libertinage, finit par se livrer sans danger aux plus grands excès.