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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/341

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CHAPITRE XXVI. 1 Venerat jam dies… liberae cœnœ apud Trimalchionem. — Nous avons traduit, d’après Nodot, « Nous touchions au jour où Trimalchion, dans un festin, devait affranchir un grand nombre d’esclaves. » Mais ce sens ne nous satisfait point. Selon Lavaur, libera cœna était un festin où l’on n’élisait point de roi, au lieu qu’ordinairement on choisissait un roi des festins, qui les réglait à sa volonté, et qui était reconnu comme maître par tous les convives, ce qu’attestent assez les écrits des anciens. Le festin libre, dont il est ici question, sera donc sans règle, sans ordre ; tout s’y passera dans la licence et le dérèglement. On peut aussi interpréter libera coena par un festin auquel tout le monde était indistinctement admis, même les esclaves de Trimalchion, comme nous le verrons plus loin. On peut encore prendre ici le mot libera cœna dans le même sens, que le libera vina d’Horace (Art poétique, vers 85).

CHAPITRE XXVII. 1 Inter pueros capillatos. — Il sera souvent question, dans le cours de cet ouvrage, de ces pueri capillati. Ce n’était qu’aux esclaves destinés aux plaisirs qu’on laissait et entretenait une longue chevelure : tous les autres portaient les cheveux courts.

2 Digitos concrepuit. — C’était la coutume des grands d’appeler leurs esclaves en faisant craquer leurs doigts. Martial, sur l’inscription de Matella, dit, liv. xIv, épigr. 119 : Dum poscor crepita digitorum. L’affranchi Pallas, étant accusé d’une conspiration contre Néron, quand on lui nomma quelques-uns de ses affranchis comme ses complices, répondit avec arrogance qu’il ne leur avait jamais parlé que par des gestes de la tête ou de la main, pour ne pas se familiariser avec eux (Tac, Ann., xiii).

3 Digitos… in capite pueri tersit. — C’était encore un raffinement qui annonçait l’opulence et la mollesse chez les anciens, que d’essuyer ses mains aux cheveux d’un de ces esclaves à longue chevelure.

CHAPITRE XXVIII. 1 Hoc suum propinasse dicebat. — Ce passage n’est intelligible qu’en sous-entendant le mot genium. Trimalchion voulait dire que ces étuvistes venaient de faire des libations à son bon génie, ou plutôt de boire à sa santé ; car c’est là le véritable sens de propinare.

2 Chiramaxio, in quo deliciœ ejus vehebantur. — Espèce de chaise à porteur ; des deux mots grecs, keir, main, et amaxa, char.

CHAPITRE XXIX. 1 Cave, cave canem ! — Sénèque rapporte que, de son temps, il y avait aux portes des palais de gros chiens d’attache ; et Artémidore, que quelques-uns se contentaient d’en faire peindre l’image sur la muraille, auprès de la loge du portier, avec cette inscription : Cave canem !ce qui fait dire à Vairon : Cave canem inscribi jubeo :