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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/35

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doute tout le mystère du Satyricon. Quant à la désinence du mot, les Latins, selon Gonsalle de Salas, ont fait satyricon de satyra, comme ils faisaient epigrammation d’epigramma, elegidarion d’elegia : le diminutif ne changeait rien d’essentiel dans l’objet principal de l’expression ; il annonçait seulement dans le dérivé moins de prétention et plus d’enjouement. Peut-être aimerez-vous mieux la leçon de Rollin, Baillet, Burmann et autres : ils font longue la dernière syllabe de satyricôn, et la prononcent comme l’oméga des Grecs. Dans cette hypothèse, le Satyricôn serait un recueil de satires. Mais l’omicron n’en fait qu’un innocent badinage ; je suis pour l’omicron.


III
STYLE DU SATYRICON.

Le style de Pétrone a trouvé des censeurs, même parmi les meilleurs juges en cette matière. « Quoique Pétrone, dit Huet, paraisse avoir été un grand critique, et d’un goût exquis, son style pourtant ne répond pas tout à fait à la délicatesse de son jugement. On y remarque quelque affectation ; il est un peu trop peint et trop étudié ; il dégénère de cette simplicité naturelle et majestueuse, de l’heureux siècle d’Auguste. Peut-être doit-il une partie de sa réputation à la liberté de ses portraits ; il aurait été moins lu, s’il avait été plus modeste. » Rollin porte à peu près le même jugement[1] ; et Rapin assure[2] que Pétrone, s’il donne quelquefois d’ex-

  1. Rollin, Hist. ancienne.
  2. Rapin, de Poesi.