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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/36

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cellents préceptes d’éloquence, ne les suit pas toujours. Valois [1] croyait remarquer dans son style un air un peu étranger ; il se servait même de cet argument, pour prouver que notre auteur était Gaulois, et qu’il vécut après Suétone. Saumaise ne trouve dans les fragments de Pétrone que des extraits faits sans goût par quelques libertins obscurs du Bas-Empire. « Pétrone, dit Bayle [2] , est moins dangereux dans ses tableaux trop nus, que dans les délicatesses dont Bussy-Rabutin les a revêtus ; et la galanterie se présente, dans les Amours des Gaules, sous des formes bien plus aimables que dans le Satyricon. » Aux yeux de Voltaire [3] , cet ouvrage n’est pas plus un modèle de style qu’il n’est l’histoire secrète de Néron ; les suppôts de nos tavernes tiennent, à l’entendre, des discours plus honnêtes que les convives de Trimalchion ; à l’exception de quelques vers heureux, de deux ou trois contes agréables, tout le livre n’est qu’un amas confus d’images ampoulées ou lascives, d’érudition ou de débauches. Selon Baillet et Tiraboski, on y rencontre des tours ingénieux et de jolies pensées ; mais ces beautés sont obscurcies par l’inégalité du style, par des mots barbares, par des récits où l’on ne comprend rien. C’est peut-être, ajoutent-ils, la faute des copistes ; mais l’ouvrage, en somme, ne méritait pas les peines qu’on s’est données pour en rechercher et recoudre les lambeaux. Leclerc maltraite encore plus Pétrone. Mais c’est trop longtemps parler de ses détracteurs ; écoutons enfin ses panégyristes.

  1. Valesius, Dissert. sup. fragm. tugur.
  2. Bayle, Éclaircissements sur les obscénités, etc.
  3. Voltaire, Dictionnaire philosophique, au mot Pétrone.