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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/356

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qui venait de mourir, était lui-même un mort, un cadavre, mortuus pro mortuo, car il avait les nerfs coupés, nervia præcisa. Caracalla, au rapport de Dion dans la Vie de cet empereur, prenait un si grand plaisir à voir répandre le sang des gladiateurs, qu’il en obligea un, nommé Baton, à combattre dans un même jour contre trois autres successivement, jusqu’à ce qu’il l’eût fait tuer ; après quoi il lui fit faire des obsèques magnifiques.

10 Ad summam, omnes postea secti sunt. — La loi des gladiateurs les contraignant à combattre jusqu’à la mort, ceux qui n’avaient pas de cœur, après un combat d’un moment, se blessaient eux-mêmes, et se coupaient quelquefois un bras pour émouvoir la compassion des spectateurs et obtenir qu’on leur sauvât la vie. C’est là le sens de secti sunt : « Ils se firent quelques blessures pour terminer le combat. » Juvénal, dans sa deuxième satire, dit en parlant d’un de ces poltrons :

.   .   .   .   .   Sergiolus jam radere guttur
Cæperat, et secto requiem sperare lacerto.

CHAPITRE XLVI. 1 Cicaro meus. — C’est un terme de tendresse, comme nous disons en français : mon poupon, mon poulet. Horace, satire 3 du livre II, en parlant d’un enfant, l’appelle catellus. Ce qui prouve que Cicaro n’est pas ici un nom propre, mais un surnom d’amitié, c’est que Trimalchion s’en sert dans la suite de cette satire, chapitre 7-1, pour désigner son fils, ou du moins un enfant qu’il affectionnait beaucoup : Ad dexteram pones statuam Fortunatæ meæ, et catellam cingulo alligatam, et Cicaronem meum. Selon Heinsius et Burmann, Cicaro serait mis ici, par corruption, pour Cicero, nom que les anciens donnaient à tous les enfants qui annonçaient de grandes dispositions, comme nous dirions d’un enfant borné : Ce n’est pas un Voltaire. Quintilien, livre X, dit en parlant de Cicéron : Apud posteros id consequutus est, ut Cicero non jam hominis nomen, sed eloquentiæ habeatur. Peut-être est-ce là l’origine du nom de cicerone que l’on donne, en Italie, à ceux qui se louent aux étrangers pour leur montrer et leur expliquer les antiquités de cette contrée.

2 Libra rubricata. — Pour libros rubricutos ; barbarisme grossier, qui indique assez l’ignorance de celui qui parle. C’est ainsi que l’on appelait les livres de droit, parce que les titres en étaient écrits en lettres rouges, ce qui leur fit donner le titre de rubriques. Perse, satire cinquième, dit, en parlant d’un livre renfermant les réponses d’un célèbre jurisconsulte :

Excepto, si quid Mazuri rubrica vetavit.