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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/357

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Ce mot est passé de la jurisprudence dans le langage ordinaire, pour signifier des ruses, des finesses, des détours.

3 Destinavi illum artificium aut tonsorium doceri, aut prœconem, aut certe causidicum. — Admirez la progression dans laquelle cet affranchi place les diverses professions auxquelles son fils peut prétendre, s’il apprend bien le droit : J’ai résolu, dit-il, de lui faire apprendre quelque profession utile, comme celle de barbier, de crieur public, ou tout au moins d’avocat. Et ce n’est pas sans raison qu’il place en première ligne le métier de barbier ; car, sous Néron et ses successeurs, on vit souvent les premières charges de la cour occupées par des gens qui avaient été barbiers ou baigneurs. Ce qui motive encore son estime particulière pour les barbiers, c’est qu’on en vit plusieurs qui l’emportaient en crédit et eu richesses sur tous les patriciens ; comme celui dont parle Juvénal dans sa première satire :

Patricios omnes opibus quum provocet unus
Quo tondente gravis juveni mihi barba sonabat.


Il juge, en outre, que faire de son fils un barbier ou un crieur public, c’est plus que d’en faire un avocat. Il avait vu sans doute plus de gens de cette sorte, que d’avocats, faire fortune à la cour. Ainsi, le même Juvénal dit, satire VII, que si l’empereur ne relevait pas la fortune et l’espérance des poëtes, les plus célèbres allaient se faire ou baigneurs, ou boulangers, ou crieurs publics :

.   .   .   .   .   Quum jam celebres notique poetae
Balneolum Gabiis, Romae conducere furnos
Tentarent ; nec fœdum alii, nec turpe putarent
Prœcones fieri.


Martial, livre V, épigramme 50, donnant des conseils à un de ses amis sur l’éducation de son fils, lui recommande de l’’éloigner de l’étude de l’éloquence, de la poésie, du droit et de toutes les sciences ; et il ajoute : « Veut-il apprendre quelque chose d’utile, qu’il se fasse musicien ou joueur d’instruments :

Fac, discat citharœdus, aut choraules ;


ou, s’il n’a pas assez d’esprit pour ces arts, faites-le crieur public ou architecte, » Et livre VI, épigramme 8, il raconte qu’un vieillard avait refusé sa fille à deux préteurs, quatre tribuns, sept avocats et dix poëtes,

Prœtores duos, quatuor tribuni,
Septem causidici, decem poetœ,


pour la donner à un crieur public.