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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/37

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À la tête des nombreux admirateurs de Pétrone, marchent Vossius et Douza, Turnèbe et Pithou, Briet et Ronsin. Les censures même, hasardées contre Pétrone, sont mêlées, disent-ils, d’éloges arrachés par la force de la vérité ; et, dans la bouche d’un ennemi, la louange est d’un bien plus grand poids que les reproches. Cette barbarie même et cette bassesse d’expressions, qui paraissent défigurer quelquefois le style de Pétrone, sont, aux yeux de Ménage, le chef-d’œuvre de l’art ; il ne les a placées que dans la bouche des valets et des débauchés sans délicatesse. Voyez, au contraire, avec quelle élégance il fait parler les gens de la bonne compagnie. Pétrone donne à chacun de ses acteurs le langage qui lui convient. Ce mérite est d’autant plus précieux, qu’il est plus rare ; et les ombres qu’un peintre habile répand dans ses tableaux, en rendent les beautés plus saillantes. Barthius trouve réunies dans Pétrone seul, quand il n’est pas défiguré par l’ignorance des copistes, toutes les finesses de Plaute, toutes les grâces de Cicéron ; et Juste Lipse l’appelle auctor purissimæ impuritatis. Telle était l’admiration du vainqueur de Rocroi pour Pétrone, qu’il pensionnait un lecteur, uniquement chargé de lui réciter le Satyricon. En parlant du poëme de la Guerre civile, dans lequel Pétrone, dit-on, prétendit lutter contre Lucain, l’abbé Desfontaines s’écrie : « Quelle finesse dans la peinture des vices des Romains et des défauts de leur gouvernement ! que d’esprit dans ses fictions ! Ces beautés sont relevées par un style mâle et nerveux, en faveur duquel on doit pardonner au poëte quelques fautes contre l’élocution, et certains traits qui sentent le rhéteur. » Fréron, dont le goût fut presque toujours d’accord avec la raison, quand il ne jugea que