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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/362

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poëte ancien de la Grèce, qu’un poëte latin moderne ; et comme l’intention de Pétrone était de les tourner en ridicule, et de mettre dans tout son jour la bêtise de ces fanfarons de science, il n’est pas étonnant qu’ils aient nommé précisément le plus mauvais. J’aime donc mieux croire, ajoute Burmann, que les copistes, pour abréger le mot, ont écrit Morsum pour Morsimum. Morsimus était effectivement un poëte tragique, que Suidas représente comme le plus méprisable des Pradons de la Grèce, et dont Aristophane se moque dans sa comédie des Grenouilles.

2 Quid putes inter Ciceronem et Publium interesse. — Publius Syrus, ainsi nommé parce qu’il était né en Syrie, fut conduit comme esclave à Rome, y acquit dans la suite beaucoup de célébrité par ses comédies, qui lui valurent l’estime et la protection de Jules César. Decius Laberius, qui excellait dans ce genre, appelé mimique par les anciens, venait de mourir. Publius, qui avait été quelque temps son rival, lui succéda, et obtint des succès plus éclatants encore que son prédécesseur. Quelques anciens ont mis les pièces de ce mimographe au-dessus de tout ce que les poëtes tragiques et comiques avaient produit de meilleur. Jules César en faisait un cas infini ; et, après lui, Cassius Severus et Sénèque le Philosophe en jugèrent très-favorablement.

Néanmoins ses pièces n’eurent pas le même succès dans tous les temps : l’empereur Claude en raffolait ; mais, à cette époque, le peuple jadis roi ne partageait pas l’engouement du prince, et frondait au théâtre l’admiration de l’auguste protecteur. Claude prit le parti d’user de rigueur ; et, tandis que Messaline remplissait Rome et l’univers du scandale de ses débauches, plus soigneux de la gloire de Publius que de l’honneur du lit impérial, il ordonnait au censeur de prendre les précautions nécessaires pour forcer les Romains à rire aux comédies de son poëte favori.

Quoi qu’il en soit, Cicéron, très-bon juge en littérature, ou n’aimait pas le genre de Publius, ou méprisait ses talens ; car il écrit à l’un de ses amis qu’il a su se faire assez de violence pour assister sans ennui, pendant les jeux célébrés par César, aux pièces de Publius et de Laberius. Mais, pensât-on différemment sur le compte de ce poëte, le parallèle que fait Trimalchion n’en paraîtra sûrement pas moins absurde au lecteur sensé : car l’auteur des Offices, des Tusculanes, et de tant d’autres ouvrages sérieux et sublimes, ne peut avoir aucun Irait de ressemblance avec un poëte comique, quelles que soient les saillies aimables et spirituelles que celui-ci ait semées dans ses pièces.

3 Ciconia etiam grata, peregrina, hospita. — Avant le règne d’Auguste,