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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/368

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dant gémir, eut la férocité de dire qu’il lui trouvait la voix charmante en cet instant.. VoyezSuétone, dans laViede cet empereur, chapitre 33.

2 Buccae ! buccœ ! quot sunt hic ? — C’est une espèce de jeu puéril que Lavaur décrit ainsi : « L’un monte à califourchon sur le dos de l’autre ; il le frappe d’une main et lève quelques-uns des doigts de l’autre main, comme ceux qui jouent à la mourre ; puis il demande à celui qui est sous lui combien il a levé de doigts, et continue à le frapper jusqu’à ce qu’il ait deviné. » Chaque pays a un mot particulier pour désigner le patient. Peut-être, au lieu de buccœ, serait-il préférable de lire bucco, sot, imbécile, reproche qui semblerait s’adresser à la lenteur d’esprit de celui qui ne peut pas deviner combien de doigts on lui présente.

CHAPITRE LXV. 1 Insecutœ sunt matteœ. — Les mattées étaient un service composé de mets délicats, hachés et assaisonnés d’épiceries, enfin tel que notre auteur va les décrire ; ce mot est tiré du grec mattun qui vient de mattô, ou massô, pétrir ; hacher. Athénée, vers la fin de son livre XIV, enseigne la manière de faire les mattées ; sa prescription est digne de figurer dans le Cuisinier royal ou le Cordon-Bleu : « Hachez et mêlez ensemble, dit-il, une perdrix, des pigeons gras, des petits poulets gras, et arrosez le tout de vinaigre ou de verjus ; » et, livre iv, il y ajoute des oisons, des tourterelles, des grives, des merles, des lièvres, des agneaux, des chevreaux. C’est une espèce de salmis, ou plutôt d’olla podrida, qu’on mettait ordinairement sur table avant le dernier service. Sénèque, épître 95 ; dit à ce sujet : Piget esse singula, coguntur in unum sapores, in cœna fit quod fieri debet saturo in ventre ; exspecto jam ut manducata ponantur : « On ne se contente plus de manger les mets séparés, on rassemble tous les goûts en un seul ; on fait à table ce qui doit se faire dans l’estomac rassasié ; on en viendra bientôt, j’espère, à servir des viandes toutes mâchées. »

2 Nudos pedes in terram deferre.— On devait cet hommage aux premiers magistrats du pays, et surtout au préteur (qui rendait et faisait rendre la justice), de se lever sur ses pieds, lorsqu’il entrait dans le lieu où l’on était ; et c’est ce qu’Encolpe se disposait à faire, prenant Habinnas pour le préteur, lorsqu’Agamemnon l’avertit de son erreur. Ce passage prouve d’ailleurs évidemment que les anciens se mettaient à table les pieds nus, comme nous l’avons dit précédemment. Quand ils passaient dans la salle du festin, ils prenaient des mules de chambre, qu’ils quittaient au bas des lits, et qu’ils reprenaient en se levant. Ainsi Horace, satire 2 du livre II, dit que le maître de la maison, voulant se lever pour donner quelques ordres, demande ses pantoufles : soleas poposcit.