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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/369

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3 Scissa lautam novemdialem servo suo Misello faciebat. — On nommait sacrum novemdiale le sacrifice que l’on faisait pour un mort, neuf jours après son décès, et qui était suivi d’un festin, auquel on invitait tous les amis du défunt. Cette solennité est indiquée dans la novelle 115 de Justinien, chapitre v, et dans saint Augustin, Questions sur la Genèse, où il se plaint que les chrétiens imitent cette coutume des païens, quod apud Latinos novemdiale appellatur. Les jeux de l’anniversaire de la mort d’Anchise se font au jour de la neuvaine, Enéide, livre V :

Exspectata dies aderat, nonamque serena
Auroram Phaethontis equi jam luce vehebant.

Dans l’Iliade (chant XXIV), Priam demande à Achille neuf jours pour pleurer Hector.

Ordinairement on gardait pendant sept jours le corps du défunt ; on le brûlait le huitième jour, et le neuvième on l’ensevelissait.

4 Quem mortuum manumiserat. — C’était un caprice, dont il est difficile de concevoir la raison, d’affranchir un esclave à l’article de sa mort, à moins que ce ne fût pour ne pas perdre le prix de sa liberté ; c’est ce que les anciens appelaient moribundum manumittere, et non pas mortuum, comme le dit ici Pétrone pour outrer la plaisanterie. Les jurisconsultes ont été plusieurs fois consultés pour savoir si cet affranchissement était valable, et la loi dernière (Digest. de manum. testam. ) dit positivement : Quosdam scribere solitos, stichus quum morietur, liber esto.

5 Coacti sumus dimidias potiones super ossicula ejus effundere. — C’était l’usage chez les anciens de verser du vin sur les bûchers et sur les tombeaux des morts ; ainsi aux funérailles de Misène, livre VI de l’Énéide :

Postquam coliapsi cineres, et flamma quievit,
Relliquias vino et bibulam lavere favillam.


Selon Festus, on appelait ces libations vinum respersum. Le religieux Numa avait cependant défendu de répandre du vin sur les bûchers, par la loi Postumia, qui réglait les funérailles : Vino rogum ne adspergito (Pline, liv. XIV, chap. 2. ).

CHAPITRE LXVI. 1 Scriblita frigida. — Habinnas se moque ici de Scissa, quand il parle de la tarte froide qu’il a fait servir à ses convives : les tartes, chez les anciens, ne se servaient que chaudes, comme le prouve ce passage de Martial, livre III, épigramme 17 :

Circumlata diu mensis scriblita secundis,
  Urebat nimio sœva calore manus.