Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/370

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CHAPITRE LXXX. 1 Intorto circa brachium pallio.— Ferrarius (de Re vestiaria, liv. I, ch. 5) nous apprend que c’était la coutume des Romains, lorsqu’ils se préparaient à un combat imprévu, ou lorsqu’ils n’avaient pas eu le temps de prendre leurs armes défensives, de s’entourer le bras gauche de leur manteau, en guise de bouclier. On en voit un exemple dans César, Guerre civile, livre I : Reliqui coeunt inter se, et, repentino periculo exterriti, sinistras sagis involvunt, gladios distringunt, atque ita se a cetratis equitibusque defendunt, castrorum propinquitate confisi ; et dans Valerius Flaccus ; livre III, vers 118 :

 
Linquit et undantes mensas infectaque pernox
Sacra Medon, chlamys imbelli circumvenit ostro
Torta manum, strictoque vias praefulgurat ense.

2 Grex agit in scena mimum. — Que diraient les artistes dramatiques de notre siècle (remarquez bien que je ne me sers pas du mot de comédiens), s’ils venaient, ce qui n’est pas probable, à jeter les yeux sur ce passage où Pétrone, en parlant des acteurs de son temps, se sert de l’expression grossière grex, troupe, troupeau : il y aurait de quoi faire jeter les hauts cris, même aux artistes funambules. Il est bien vrai que, sous Louis XIV, on disait la troupe de Molière, et que l’auteur du Tartufe, qui était comédien lui-même, ne s’en offensait pas. Mais nous avons changé tout cela ; et maintenant on dit : une compagnie, une société d’artistes dramatiques : ce qui ne veut pas dire que ces messieurs et ces dames aient plus de mérite que les comédiens du temps de Molière. Non, sans doute, mais ils ont gagné en considération ce qu’ils ont perdu en talent : c’est encore un perfectionnement.

A propos de ce passage : Grex agit in scena mimum, nous croyons devoir relever l’erreur où sont tombés plusieurs interprètes d’Horace, qui prétendent que les mimes de l’antiquité étaient une espèce de comédie jouée par un seul acteur. Si ces mots de Pétrone : Grex agit mimum, ne suffisaient pas pour prouver le contraire, nous pourrions citer plusieurs autres autorités non moins imposantes, et entre autres ce vers d’Horace lui-même, livre I, épître 18 :

.   .   .   .   .   Vel partes mimum tractare secundas.

CHAPITRE LXXXI. 1 Menelaus etiam antescholanus. — Les savants sont divisés sur la véritable signification de ce mot antescholanus : les uns en font une espèce de sous-maître, de répétiteur ; d’autres, et Gonsallo de Salas est de ce nombre, n’y voient qu’un inspecteur, un gardien du proscholium, vestibule des écoles publiques, qui n’était séparé que par