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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/38

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les anciens, parle de Pétrone dans le sens de Desfontaines : « Il est riant, dit-il, dans ses descriptions, coulant, net et facile dans sa narration, admirable dans ses vers ; et, ce qui le caractérise plus particulièrement, il est toujours fin et délicat en fait de galanterie, quand il parle de celle que la nature avoue. » Je fais grâce des éloges prodigués à Pétrone par ses différents traducteurs : ils pourraient paraître suspects ; mais on me permettra, du moins, d’opposer à ses censeurs le suffrage de Saint-Évremond. De tous les panégyristes de Pétrone, aucun n’eut plus de ressemblances morales avec son héros que cet ingénieux épicurien ; et comme nul n’apprécia notre auteur avec plus de connaissance de cause, nul aussi ne l’a vanté avec plus d’esprit. Qu’on me permette de citer ce passage, malgré son étendue :

« Pétrone est admirable partout, dans la pureté de son style, dans la délicatesse de ses sentiments. Ce qui me surprend davantage est cette grande facilité à nous donner ingénieusement toutes sortes de caractères. Térence est peut-être l’auteur de l’antiquité qui entre le mieux dans le naturel des personnes : j’y trouve cela à redire, qu’il a trop peu d’étendue ; et tout son talent est borné à faire bien parler des valets et des vieillards, un père avare, un fils débauché : voilà où s’étend la capacité de Térence. N’attendez de lui ni galanterie, ni passion, ni les sentiments, ni les discours d’un honnête homme. Pétrone, d’un esprit universel, trouve le génie de toutes les professions, et se forme, comme il lui plaît, à mille naturels différents. S’il introduit un déclamateur, il en prend si bien l’air et le style, qu’on dirait qu’il a déclamé toute sa vie. Rien n’exprime plus naïvement le désordre d’une vie débauchée, que les que-