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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/371

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un rideau du lieu où se tenait l’auditoire. Les élèves, avant de se présenter devant le professeur, devaient s’y arrêter pour composer leur visage et leur maintien, ce dont ils étaient avertis par leproscholuschargé de ce soin.

CHAPITRE LXXXII. 1 In exercitu vestro phœcasiati milites ambulant ? — Le phœcasion était un soulier blanc, dont la mode était venue des Grecs, et que portaient les prêtres, les courtisans et les baladins. Du reste, cette scène, entre Encolpe et ce soldat matamore, est d’un naturel exquis. Il est impossible de peindre d’une manière plus vraie les transes d’un poltron qui veut faire le brave.

CHAPITRE LXXXIII. 1 Etiam animorum esse picturam. — Le plus grand mérite de la peinture et de la sculpture a toujours été, non pas simplement de rendre exactement la forme des objets, mais d’animer les personnages que l’on représente de façon à faire croire à leur existence réelle. C’est ce qui a fait dire à Virgile, en parlant des statues de bronze, spirantia œra. Pline rapporte un exemple remarquable d’un peintre qui excellait à donner l’expression de la nature à ses figures : Æqualis ejus fuit Aristides Thebanus. Is omnium primus animum pinxit, et sensus omnes expressit, quos vocant Græci ebè ; item perturbationes, durior paulo in coloribus. Hujus pictura est, oppido capto ad matris mo-rientis e vulnere mammam adrepens infans : intelligitur sentire mater et timere ne, emortuo lacte, sanguinem infans lambat, etc.

2 Si modo coronis aliquid credendum est. — On n’a jamais donné de couronnes publiques aux poëtes, pour prix de leurs ouvrages, avec plus de magnificence que du temps de Domitien et de Néron. Ce dernier prince les briguait avec beaucoup d’avidité, au rapport de Tacite et de Suétone. On comptait jusqu’à sept sortes de ces couronnes. La première se nommait querna, de chêne ; elle se donnait in Capitolino certamine, parce que le chêne était consacré à Jupiter Capitolin. Martial, livre IV, épigramme 45, s’écrie :

O cui tarpeias licuit contingere quercus,
  Et meritas prima cingere fronde comas !

La deuxième, oleacea, qui fut instituée en l’honneur de Minerve, à qui l’olivier était dédié : on la recevait in Albano certamine. Voyez Suétone, dans la Vie de Domitien. La troisième, palmea, était composée de branches de palmier, nouées avec des rubans de diverses couleurs ; ce qui lui faisait donner l’épithète de lemniscata. Ausone dit à ce sujet :

Et quæ jam dudum tibi palma poetica pollet
  Lemnisco ornata est, quo mea palma caret,