Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

2 Lysippum, statuœ unius lineamentis inhœrentem.— Lysippe fut, au rapport des anciens historiens, le plus célèbre sculpteur qui ait jamais existé. Quintilien rapporte qu’on a vu de lui jusqu’à cent dix ouvrages ; ce qui semblerait contredire ce que Pétrone dit ici : Statuœ unius lineis inhœrentem inopia extinxit. Alexandre le Grand faisait tant de cas de cet excellent artiste, qu’il fit une ordonnance par laquelle il défendait à tout autre sculpteur que Lysippe de faire sa statue, et à tout autre qu’Apelles de le peindre ; ce qu’Horace rappelle très-spirituellement à Auguste, dans son épître 1re du livre II :

Edicto vetuit ne quis se, praeter Apellem,
Pingeret, aut alius Lysippo duceret æra,
Fortis Alexandri vultum simulantia

CHAPITRE XC. 1 Lapides in Eumolpum recitantem miserunt. — Gonsalle de Salas compare ici très-plaisamment le poëte Eumolpe, à la tête duquel les pierres volent sitôt qu’il commence à réciter ses vers, à cet Amphion qui faisait mouvoir les pierres aux accents de sa voix, comme le dit Horace dans son Art poétique(v. 393) :

Dictus et Amphion, thebanae conditor arcis,
Saxa movere sono testudinis, et prece blanda
Ducere quo vellet.   .   .   .   .   .  


C’était une coutume barbare, sans doute, mais assez fréquente chez les anciens, lorsqu’ils étaient réunis au théâtre, de lancer des pierres à la tête des mauvais poëtes, comme ils jetaient des couronnes de fleurs à ceux dont les ouvrages obtenaient leur approbation.

2 Immo, inquam ego, si ejuras hodiernum bilem, una cœnabimus. —Pétrone a représenté très-plaisamment, sous le personnage d’Eumolpe, ces poëtes qui ont la manie de réciter leurs vers à tout venant et partout, au bain, à la promenade, à table.

CHAPITRE XCI. 1 Video Gitona, cum linteis et strigilibus. — Le strigile ou racloir, en usage dans les bains des anciens pour masser, était une petite ratissoire en forme de serpette, mais sans tranchant, dont on se servait pour faire tomber la sueur, et en même temps la crasse qui était sur le corps.

CHAPITRE XCII. 1 Ipsum hominem laciniam fascini crederes.— Mot à mot : Vous eussiez dit que cet homme n’était que le bord d’un phallus ; c’est-à-dire que l’homme semblait attaché à la verge, plutôt que la verge à l’homme. C’est dans ce sens que Catulle a dit :

Non homo, sed vere mentula magna, minax.