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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/39

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relles d’Encolpe et d’Ascylte sur le sujet de Giton. Quartilla ne représente-t-elle pas admirablement ces femmes prostituées, quarum sic accensa libido, ut sæpius peterent viros quam a viris peterentur ? Les noces du petit Giton et de l’innocente Pannychis ne nous donnent-elles pas l’image d’une impudicité accomplie ? Tout ce que peut faire un faux délicat, un impertinent, vous l’avez sans doute au festin de Trimalchion. Quoi de mieux touché, dans le portrait d’Eumolpe, que la vanité des poëtes, et cette manie de réciter leurs vers à tout venant ? Est-il rien de plus naturel que le personnage de Chrysis ? toutes nos confidentes n’en approchent pas. Sans parler de sa première conversation avec Polyœnos, ce qu’elle lui dit de sa maîtresse sur l’affront qu’elle a reçu est d’une naïveté inimitable. Quiconque a lu Juvénal, connaît assez impotentiam matronarum, et leur méchante humeur, si quando vir aut familiaris infelicius cum ipsis rem habuerit. Mais il n’y a que Pétrone qui ait pu nous décrire Circé si belle, si voluptueuse et si galante. Enothéa, la prêtresse de Priape, me ravit avec les miracles qu’elle promet, avec ses enchantements, ses sacrifices, sa désolation sur la mort de l’oie sacrée, et la manière dont elle s’apaise, quand Polyœnos lui fait un présent dont elle peut acheter une oie et des dieux, si bon lui semble. Philumène, cette honnête dame, n’est pas moins bonne, qui, après avoir escroqué plusieurs héritages, dans la fleur de sa jeunesse et de sa beauté, devenue vieille, et par conséquent inutile à tout plaisir, tâchait de continuer ce bel art par le moyen de ses enfants, qu’avec mille beaux discours elle introduisait auprès des vieillards qui n’en avaient point ; enfin, il n’y a profession dont Pétrone ne suive admirablement le génie. Il est poëte,