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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/386

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CHAPITRE CIII. 1 Continuo radat utriusque non solum capita, sed etiam supercilia. — On rasait les cheveux aux esclaves ; mais on ne rasait les sourcils qu’aux scélérats, aux séditieux et aux déserteurs. Cicéron fait une ingénieuse allusion à cet usage, dans son oraison pour Roscius, lorsqu’il dit, en parlant d’un certain Fannius Chéréa : Nonne ipsum caput, et supercilia illa penitus abrasa, olere malitiam et clami-tare calliditatem videntur ? Nonne ab imis unguibus usque ad verticem summum (si quam conjecturam adfert hominis tacita corporis figura) ex fraude, fallaciis, mendaciis, constare totus videtur ? qui idcirco capite et superciliis semper est rasis, ne ullum viri boni pilum habere dicatur.

2 Et nolum fugitivorum epigramma per totam faciem.... duxit. — Les caractères qu’on imprimait sur le visage des esclaves, et qui marquaient le crime qu’ils avaient commis, étaient deux lettres, l’une grecque, l’autre latine : Φ et F ; c’est pour cette raison qu’on appelait ces criminels inscripti, litterati, notati. Cette coutume dura jusqu’au temps de Constantin, qui, au rapport d’Ulpien, défendit par la loi Tamdiu, paragraphe de Fugitivis, qu’on exerçât à l’avenir cette cruauté, parce qu’elle déshonorait l’espèce humaine, que le Créateur avait faite à sa ressemblance : ce qui fit que, depuis cette époque, on se servit, pour le même objet, de colliers qu’on rivait au cou des esclaves qui avaient déserté, et sur lesquels on gravait des inscriptions qui publiaient leur crime. Pignorius, dans son livre de Servis, affirme, qu’il avait vu à Rome un collier de cette nature, avec l’inscription que voici :

TENE ME, QUIA FUGI, ET REVOCA ME
DOMINO MEO BONIFACIO LINARIO.

On voit dans le premier chapitre du roman d’Ivanhoë,par Walter Scott, que les Anglo-Saxons avaient adopté cette coutume des Romains : Wamba, et Gurth, le gardien des pourceaux, portent également à leur cou un collier rivé, sur lequel est gravé le nom de Cédric, leur maître.

CHAPITRE CIV 1 Lycas, ut Trijphœnse, somnium expiavit. — Il y a deux choses à considérer ici : l’expiation du songe de Tryphène, et celle du crime qu’Encolpe et Giton avaient commis dans le vaisseau, en s’y faisant couper les cheveux pendant une nuit fort calme. Nous verrons plus loin à quel supplice Lycas les condamna pour expier cette impiété, bien qu’ils prétendissent, pour se disculper, qu’ils ignoraient qu’on ne fait le sacrifice de ses cheveux sur un vaisseau qu’à la dernière extrémité, etc. Du reste, le sacrifice des cheveux passait, chez les anciens, pour un des plus agréables qu’ils pussent offrir aux dieux. Les esclaves