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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/40

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il est orateur, il est philosophe, quand il lui plaît.

« Pour ses vers, j’y trouve une force agréable, une beauté naturelle : naturali pulchritudine carmen exsurgit ; en sorte que Douza ne saurait plus souffrir la fougue et l’impétuosité de Lucain, quand il a lu la prise de Troie :

Jam decuma mœstos, etc.,


ou l’essai sur la guerre civile :

Orbem jam totum, etc.


Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que Lucrèce n’a pas traité si agréablement la matière des songes :

Somnia quæ mentes, etc.


Et que peut-on comparer à cette nuit voluptueuse, dont l’image remplit l’âme de telle sorte, qu’on a besoin d’un peu de vertu pour s’en tenir aux simples impressions qu’elle fait sur l’esprit :

Qualis nox fuit illa, dii ! etc.

« Quoique le style de déclamateur semble ridicule à Pétrone, il ne laisse pas de montrer beaucoup d’éloquence en ses déclamations ; et, pour faire voir que les plus débauchés ne sont pas incapables de méditations et de retour, la morale n’a rien de plus sérieux ni de mieux touché que les réflexions d’Encolpe sur l’inconstance des choses humaines et sur l’incertitude de la mort. Quelque sujet qui se présente, on ne peut ni penser plus délicatement, ni s’exprimer avec plus de netteté. Souvent, en ses narrations, il se laisse aller au simple natu-