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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/395

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chez les Romains, qui, dans leurs banquets, s’amusaient souvent à jeter au nez des spectateurs le fond de leurs verres : Ils avaient même dressé à ce manége les éléphants destinés aux jeux publics, comme Élien le rapporte dans son Histoire des animaux (liv. II, ch. 2). Cependant, selon Gonsalle de Salas, on pourrait aussi entendre ce passage en ce sens, que Tryphène présentait à Giton le reste du vin qu’elle avait bu ; ce qui serait plus délicat et plus galant, quoique spargebat parte extrema potionis puisse difficilement se traduire ainsi. Quoi qu’il en soit, voici une anecdote assez curieuse que Caïus Fortunatius rapporte à ce sujet : Une femme galante avait trois amants ; se trouvant un jour à table avec eux, elle baisa le premier, donna le reste de son verre au second, et couronna le troisième. On demande quel est celui qu’elle aimait le plus. Je réponds, sans hésiter : celui à qui elle donne à boire le reste de son verre. En effet, couronner un homme est peut-être un témoignage d’estime ou de simple amitié ; en embrasser un autre, cela suppose sans doute de la tendresse pour lui ; mais donner à son amant le reste de son verre, c’est une preuve d’amour bien plus intime. Ovide me confirme dans cette opinion par ce précepte de son Art d’aimer (liv. I, v. 575) :

Fac primus rapias illius tacta labellis
  Pocula ; quaque bibet parle puella, bibas.

CHAPITRE CX. 1 Corymbioque dominae pueri adornat caput. — Ce n’est pas d’aujourd’hui, comme l’on voit, que les femmes et même bon nombre d’hommes, s’efforcent, par mille inventions, de tromper les yeux, et empruntent le secours de l’art pour cacher leurs défauts naturels. M. de Guerle, mon beau-père, dans son Éloge des perruques, prouve que les chevelures postiches sont presque aussi anciennes que le monde. Comme cet ouvrage, tiré à un petit nombre d’exemplaires, est devenu fort rare, on me permettra d’en extraire un assez long fragment qui offrira au lecteur une histoire complète de la perruque chez les anciens. Cette citation aura d’ailleurs l’avantage de jeter un peu de gaieté dans ces notes. On y trouvera, je pense, une plaisanterie fine et légère, jointe à une éruditon variée, sans être superficielle. Écoutons le moderne Mathanasius.

« J’ignore pourquoi les jésuites de Trévoux, Furgaut et plusieurs autres, ont prétendu qu’il n’y avait pas chez les anciens de têtes à perruque. L’histoire, la poésie, la tradition et les monuments déposent contre leur témoignage. L’un de nos plus graves historiens, Legendre, l’a solennellement réfuté, en attestant que la perruque était commune