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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/396

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chez les Romains et chez les Grecs. A l’autorité de Legendre se joint celle du savant auteur dont l’ouvrage a pour titre : Mœurs et usages des Romains : ce fut, dit-il, vers le commencement de l’empire que s’introduisit à Rome l’usage commode des perruques. Ménage, dans son Dictionnaire étymologique, et Saint-Foix ont également reconnu l’antiquité de la perruque. « Quelle ville fut son berceau ? La perruque eut le sort d’Homère, et la question reste à résoudre. Dans sa glose sur le Livre des Rois, un rabbin, grand commentateur, voulant rapporter à son pays l’honneur d’une découverte aussi utile, attribue l’invention des perruques à Michol, fille, comme ou sait, du roi Saül. Dans ce système, la perruque serait juive, et n’aurait guère que deux mille huit cent cinquante-huit ans, à quelques jours près. Ce calcul me parait mesquin. Et puis cette peau de chèvre dont Michol, pour sauver son pauvre mari des fureurs de Saül, s’avisa de coiffer une statue, quelle ressemblance avait-elle, je vous prie, avec une perruque ? La prétention du rabbin est donc sans fondement. Dans son épithalame pour Julie, saint Paulin s’est permis, il est vrai, de dire, en parlant des filles de Sion :

Quaeque caput passis cumulatum crinibus augent,
  Triste gerent nudo vertice calvitiem.


Ou, comme le traduit un de nos vieux poëtes :

Pour les punir d’avoir porté perruque,
Le Seigneur Dieu va mettre à nu leur nuque.


Mais ce distique ne peut tirer à conséquence. Saint Paulin n’avait d’autre but que d’empêcher Julie de se damner pour une perruque : il faut bien lui pardonner l’anachronisme en faveur de l’intention.

« Les historiens profanes n’ont pas été plus heureux dans leurs recherches. Je ne vois pas sur quelle autorité pouvait se fonder Cléarque, par exemple, quand il plaçait chez les Lapygiens, c’est-à-dire dans l’ancienne Pouille, la première tête à perruque. Selon moi, l’origine des perruques se perd dans la nuit des temps ; elles durent naître chez les femmes avec l’envie de plaire. Fille de la coquetterie, la perruque est donc aussi ancienne que le monde. C’est aussi le sentiment de Rangon, dans son traité de Capillamentis ; et ce sentiment est d’autant mieux motivé, qu’il repose sur une certitude morale qui, dans cette occasion, vaut bien toutes les certitudes physiques et métaphysiques possibles. Mais ne nous brouillons pas avec les chronologistes ; dans leur mauvaise