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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/399

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(dans ses Homélies), portaient une perruque courte à cheveux hérissés. La coquetterie, si l’on en croit Dion Chrysostome (Oratio de cultu corporis), s’était glissée jusque sur les autels. C’est là que la majesté des dieux s’accroissait encore de la majesté des perruques. On murmura plus d’une fois tout bas contre Apollon qui, non content de briller dans les cieux par sa chevelure d’or, accaparait encore sur la terre, pour parer ses images, les plus belles perruques de Rome. Les prêtres de la bonne Cybèle tenaient en réquisition permanente le génie des coiffeuses ; ils leur disputaient, souvent avec avantage, l’honneur de rajeunir, à l’aide des colifichets de la mode, les vieux attraits de la mère des dieux. L’aiguille dont ils se servaient pour la coiffer était devenue miraculeuse, et Servius la place à côté du sceptre de Priam et du bouclier de Romulus, parmi les gages de la gloire et de la durée de l’empire romain. Mais de toutes les perruques divines, nulle n’était plus imposante que la perruque de Jupiter Multi-comans.

« Martial, plus malin que galant, critiqua seulement l’abus des perruques. Tête chaussée ! calceatum caput ! s’écriait-il quelquefois (liv. XII, épigr. 45). Seize siècles avant que Boileau eût plaisanté l’abbé Pochetto sur ses sermons d’achat, Martial avait déjà dit, à peu près de même (liv. VI, épigr. 12) :

 
Jurat capillos esse, quos emit, suos
Fabulla : numquid illa, Paulle, pejerat ? nego.


Plus loin, il ajoute (liv. XII, épigr. 23) :

  
Dentibus, atque comis, nec te pudet, uteris emptis :
  Quid facies oculo, Laelia ? non emitur.


Mais qu’est-ce que cela prouve ? Il est clair que Martial n’en voulait qu’aux vilaines têtes à perruque.

« Les médailles nous montrent les têtes impériales d’Othon, de Commode, de Poppée, de Julie, de Lucile, ornées de capillaments : c’était le nom générique des perruques romaines. Les petites-maîtresses avaient sur leur toilette diverses espèces de perruques pour les différentes heures du jour. Elles portaient en chenille le galericon : c’était une sorte de petit casque qui donnait à leurs traits, avec un air cavalier, quelque chose de plus piquant. Le corymbion était pour les visites d’étiquette, les promenades et le spectacle. Cette coiffure d’apparat avait un volume immense ; elle ressemblait assez à celle des Bacchantes. Othon, au rapport de Suétone, se servait du galericon pour cacher sa calvitie ; Cali-