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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/402

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trémité de ses cheveux sans nuire à sa beauté ! Elle est toujours ce qu’elle fut autrefois ! Puissent les dieux te détester, ô toi qui as perdu, moi, mon frère, la Grèce entière !… Ah ! malheureuse que je suis ! » A la mort de Masistius, dit Hérodote, livre IX, les Perses, pour marquer leur chagrin, non-seulement se rasèrent la tête, mais ils coupèrent encore le poil à toutes leurs montures : c’est l’expression de Lamothe-Le-Vayer. La douleur, comme tous les extrêmes, est de courte durée ; elle n’attendait pas, pour s’envoler, que les cheveux eussent repris leur grandeur naturelle. Comment rappeler alors les jeux et les ris autour d’une tête tondue ? c’eût été la chose impossible ; mais on prenait perruque, et toute la bande des amours, selon l’expression du bon La Fontaine, revenait au colombier.

« Un nouveau motif de tendresse pour les perruques chez la docte antiquité, c’était la haine religieuse qu’on y portait aux têtes chauves. Qui ne sait que César lui-même, César au milieu de sa gloire, vit les brocards de ses soldats poursuivre son front chauve jusque sur son char de triomphe ? « Voici le chauve adultère, criaient-ils en chœur ; maris, cachez vos femmes ! » Calvum mœchum duximus ; mariti, servate uxores ! César, sans cheveux, paraissait d’autant plus ridicule, que le nom même de César rappelait l’idée d’une belle chevelure. Celle de son aïeul était encore célèbre, et ce fut elle, dit-on, qui mérita à cet ancêtre du dictateur le surnom de César. Cæsar a caesarie dictus. Pour consoler le vainqueur du monde, et dérober sa calvitie à la malignité romaine, le sénat permit à César de porter perpétuellement une couronne de lauriers. Un sénatus-consulte fit ainsi de cette couronne la perruque des héros. Si les couronnes étaient aujourd’hui parmi nous à la mode, combien de simples soldats français pourraient porter, sans être chauves, la perruque de César ! »

2 Immo supercilia profert de pyxide. — On voit maintenant, par ces mots supercilia profert de pyxide, que les dames romaines portaient aussi des sourcils postiches. Martial (liv. IX, épigr. 37) parle d’une coquette qui avait des cheveux, des dents et des sourcils de contrebande :

Quum sis ipsa domi, mediaque ornere Suburra,
  Fiant absentes et tibi, Galla, comae ;
Nec dentes aliter, quam serica, nocte reponas,
  Et jaceas centum condita pyxidibus :
Nec tecum facies tua dormiat : innuis illo,
  Quod tibi prolatum est mane, supercilio.

3 Quia flavicomum corymbion erat. — L’auteur soutient ici le caractère qu’il a donné à Tryphène, d’une femme de mauvaise vie, parce qu’il n’y